Les défis numériques auxquels doivent faire face les personnels de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP), et en particulier les enseignants et les formateurs, sont de taille. Enseigner à distance est difficile pour tous les enseignants, mais particulièrement ardu pour les enseignants de l’EFTP, qui de plus en plus doivent miser sur des moyens numériques pour dispenser un enseignement dont le processus essentiel réside dans l’expérience pratique.

L’EFTP numérique requiert pour sa création et sa délivrance la participation d’une ample gamme de professionnels. En fait, la liste des fonctions attendues du personnel de l’EFTP à l’âge numérique peut être longue. Dans le meilleur des cas, une institution peut avoir les ressources lui permettant de recruter et de retenir différentes catégories de professionnels couvrant les aspects variés d’un environnement d’enseignement numérisé. Là où les ressources sont moindres, il ne pourra être question de répartir les tâches et un seul enseignant se débattra en vain face à de multiples fonctions.

Point plus important encore, du fait de la numérisation certaines professions existant sur le marché du travail finiront par disparaître. Les enseignants de l’EFTP spécialisés dans les compétences en déclin risquent de perdre leur emploi. Même dans de nombreux pays de l’OCDE, une bonne part des enseignants de l’EFTP n’ont pas un poste permanent. Cette situation se trouvera aggravée par la numérisation, et les enseignants de l’EFTP resteront aussi vulnérables que leurs élèves face à l’évolution du marché de l’emploi.

Lorsque nous parlons des enseignants, nous parlons d’abord et surtout d’êtres humains, non pas d’un mécanisme qui génère un processus éducatif. Ils ne constituent pas non plus un système que l’on pourrait entretenir et perfectionner de l’extérieur pour qu’il fonctionne mieux.

Selon les recommandations de l’UNESCO, pour soutenir les enseignants en période de crise il importe de recueillir des données précises sur leurs besoins. À défaut, il sera impossible de concevoir tout soutien politique et systémique. Deuxièmement, il faut que les enseignants disposent d’une plate-forme sur laquelle ils puissent partager leurs besoins et leurs expériences aussi bien que leurs ressources. Troisièmement, il importe de ne pas ignorer l’absolue nécessité d’assurer leur développement professionnel et de leur dispenser un soutien.

Donnons-nous aux enseignants un soutien et une orientation suffisants? La réponse semble être "pas vraiment", ou tout au mieux "pas encore".

Pour les éducateurs, il est tout aussi urgent de se pencher sur les questions du bien-vécu de l’introduction de nouvelles technologies que de satisfaire aux besoins de formation numérique. Pour relever les défis croissants auxquels les enseignants de l’EFTP font face à l’ère numérique, c’est une démarche holistique et humaniste qui s’impose.

Adapté d’une allocution prononcée par Soo-Hyang Choi, Directrice de l’UNESCO-UNEVOC, au webinaire de l’Académie de l’EFTP de la GIZ / Centre UNEVOC de Magdeburg sur "La numérisation et l’EFTP" en septembre 2021.